Elles en Parisie (suite)

Publié le par Fannynette De Lux

Elles prennent un taxi, pour aller plus vite, comme d'autre prennent le métro, mais le ticket est plus cher, à 10€ le billet, Elle espère que ça se remarquera pas trop, que dans les disputes à la "non, c'est moi qui invite, non moi, moi, bon si tu insistes...". Elle n'insiste pas vraiment, tout juste si elle dose mentalement dans sa tête si ça fera pas trop mal à son budget si c'est Elle qui remporte l'enchère.

Elles débarquent à Saint Germain des Prés comme d'autres en terre promise, la Blondinette est sur son terrain de chasse, c'est son territoire, elle gère, elles suivent.

Un dernier petit vernissage, en passant, Elles tombaient dessus presque par hasard. Pendant que la rouquine potasse et pavane, la blondinette prend une photo en photo, avec son BB, puis son Iphone, car la résolution des photos est mieux lui explique-t-elle, oui, mais Elle aussi avec son BB Elle prend une jolie photo de la photo, et Elle n'évite pas une autre comparaison entre les deux appareils, oui l'I Phone est mieux pour prendre les photos, mais ça va, le sien lui suffit, merci. Elle remarque que la Blondinette a les deux, "- Oui un pour le travail et l'autre pour le perso", ok respect. La Blondinette lui demande "- Elle est pas mal cette photo, pour ma salle de bain. - Oui, conceptuellement les mains de l'auteur qui découpent aux ciseaux une photo des ciseaux c'est puissant. - Hum... et puis c'est joli ! Combien pour la photo ? - 2000€ !" répond gentiment l'hôtesse de la galerie, ben tiens avec 2000€, Elle se rachète enfin un ordi, rembourse ses dettes et elle s'en tire deux ou trois des photos pour décorer sa salle de bain ! Hou là ! Elle devient amère, Elle commence à oublier que ce monde n'est pas le sien, qu'Elle est là en agent infiltré, qu'ils ne sont pas responsables, Elle devrait boire un peu, Elle sort fumer une clope, c'est déjà ça de pris.

Elles sortent enfin, trop d'art tue l'art, il est 11h du soir, la Blondinette les emmène manger au Germain, il n'y a que là qu'elles puissent encore manger à cette heure, alors c'est parti, petite ballade dans le St Germain hype, elles croisent moults jeunes branchés les mêmes ou presque qu'Elle a déjà rencontré. Elles arrivent dans ce resto lounge, ambiance noire blanche rouge, habité par cette population à costume cintré, it bag et lunettes en résine noire.

Blondinette fait la bise au patron qui se croit obligé de les embrasser toutes les trois. Verre de vin rouge offert pour patienter, ordre est donné à la serveuse de leur trouver une table, tant pis pour la dizaine de personnes qui attendent déjà.

A table, Elles se concentrent sur de vrais problèmes, est-ce que Beaugoss, qui plaît tant à Blondinette, va l'appeler pour qu'elles le rejoignent plus tard ? Il a son BlackBerryMessenger, alors elle attend, attend, et finit par lui demander où il en est, il lui répond qu'il sort de table, expression hermétique pour les deux Argentines et qu'Elle doit leur expliquer. Il lui demande son numéro de téléphone pour l'appeler, pour le faire maronner la Blondinette lui fait une blague, elle écrit son numéro en lettres et pas en chiffres, et elle rigole, sauf que la réponse ne se fait pas attendre, "j'ai un clavier azerty!" qu'il lui dit !, et là Elle doit expliquer aux Argentines cosmopolites qui l'accompagnent qu'en France le clavier commence par azerty et que toutes les lettres ne sont pas à la même place que leur clavier à elles qui est en qwerty ! "- Oui mais mon BB est allemand j'ai ni le azerty ni le qwerty !" répond la blondinette, éclat de rire, lost in technologie translation !

En sortant du Germain, c'est direction un "petit club british privé adorable pas très loin, Prescription, ils font les meilleurs cocktails du mooonde !" déclare Blondinette, ok Elles suivent, tapent la bise au videur gabarit armoire normande en bois d'ébène, mais qui fait la conversation en anglais avant de les laisser rentrer.

A l'intérieur c'est un vrai voyage, la langue nationale n'est plus le français, les cocktails se demandent dans la langue de Shakespeare, svp ! Lumière tamisée, sofa de velours et musique techno, la Rouquine monte à l'étage pour la pause pipi, et pour trouver des sièges de libres. La commande arrive, trois Mazarini Rosi, à 20€ la pièce c'est de l'art ce verre ! Vodka rhum fraises mixées jus de citron vert sur lit de glace pilée le tout arrosé de champagne, un délice il est vrai !

En montant Elle tente de se frayer un chemin entre les groupes pour rejoindre la Rouquine qui a trouvé une table au fond de la salle évidemment (sinon c'est pas drôle !) et là.. paf !... Elle se fait bousculer par un type qui s'est reculé sur son pouf au moment exact où Elle lui demandait de passer ! La moitié du Mazarini se déverse sur sa chemise DG, et l'animal couine d'effroi au contact de la glace ! Elle s'écrie "- Oups ! Désolée ! - Ah ! mais c'est froid ! Fuck ! - Je suis sincèrement navrée (pour mon cocktail), ça va ? - Je suis tout mouillé ! alalah ! - Oui ben je me suis déjà excusée ! - Mais je suis mouillé là ! - Ben soit je te lèche le dos soit tu t'éponges !- Rhaa ! ça va !" Non mais ! Elle va pas se laisser marcher dessus par un imberbe en chemise-pull-roulé-sur-les-épaules !

Elle s'assoit dans un coin et sourit, Elle embrasse tous les gens qui se présentent, Wendy, Jenny, Allyson... Elles sont toutes blondes, elles sont toutes bonnes, toutes des bombes en silicone, ou presque, Elle hallucine de toutes ces nouvelles amies éphémères, la Blondinette rencontre des amis comme Elle des feuilles sur le boulevard Chave en automne ! Bblondinette raconte sa vie, d'abord un peu puis beaucoup, ses coups d'un soir à NY ou Reijavick, à Buenos Aires ou à Dubai, le temps passe entre les éclats de rires et les cocktails, Elles en reprennent volontiers, un puis deux, après tout quand c'est offert de bon coeur !

Elle s'affale un moment dans le sofa (conçu pour engloutir la population parisienne entière en un quart de seconde) et regarde la Rouquine "- Ca va ma chérie ? - Broarff ! - Et ton chéri ça va ?- Broarff... et toi ton mari ? -Broarff !" comme quoi 25 ans, un océan et deux continents d'écart, et elles se retrouvent tout de même avec les mêmes problèmes.

Branlebas de combat ! Beaugoss a répondu, il les attend au Baron, elles lèvent le camp sur le champs !  Elle finit sa coupe cul sec, faut pas gâcher !

Elles sautent en urgence dans un taxi, et traversent la Seine. Arrivées devant la boite, c'est le patron qui leur fait couper la file, et oui ! Ils se re-bisent pour se dire qu'ils s'aiment tous toujours et Il leur prend leurs affaires pour éviter le vestiaire, direct dans son bureau, hop !

Elle plonge dans la fosse, celle des lions de salon, ambiance mi-bordel du XIX°, mi-bordel duXXI°, ça braille en polyglotte armé de cocktails, Elles ont changé de décor mais pas de personnages, Elle retrouve Wendy et Jenny et son frère Andy, le Beaugoss surtout qui vient embrasser sur le front la Blondinette, ça veut dire quoi ça ? demande-t-elle à Elle, elle sait pas, Elle entame son nouveau verre, un Baron (même recette que le Mazarini Rossi, seul le nom change). Elle se dit qu'il est déjà 3h du matin, qu'Elle a rdv demain (tout à l'heure) à l'autre bout de Panam pour un entretien avec un galeriste pour exposer ses photos et qu'elle ne sait toujours pas où ni si elle va dormir, alors Elles foncent sur la piste de danse et ondulent à coté d'Ariele D*** sur des vieux classiques de boite, Lady Marmelade, Sunday BloodySunday, L'Homme Pressé... la même BO de la vie dix ans après.

Elles vont s'asseoir dans un sofa, la Blondinette réclame une cigarette, oui mais la loi Evin tout ça, le lieu public... ben tiens elle veut s'en griller une alors elle se penche sous la table et l'allume, de toute façon avec les fumigènes et le noir... elle la fait même tourner à Elle, comme c'est généreux ! La musique braille toujours, Elle se dit qu'il est temps de rentrer, non répond la Rouquine, restes encore un verre ! Bon ok, Elles se font offrir des verres par la moitié des artistes qu'elles ont rencontré dans la journée mais quelque chose ne va pas, là bas tapi dans l'ombre le Beaugoss embrasse goulûment une greluche, la Blondinette fulmine ça ne se passera pas comme ça !

  Elles retournent au bar, et Elle se donne de la contenance avec son verre vide pour cacher que son esprit à cette heure-ci l'est aussi ! Blondinette passe désinvoltement devant Beaugoss, qui l'attrape par le bras et essaye de l'embrasser, mais non, pas comme ça, pas après la greluche ! Il semble surpris, c'est juste une amie ! Mais à courir deux lièvres à la fois, Beaugoss rentrera seul dans son terrier la queue entre les pattes !

Bien fait !

Elles amorcent le départ, malgré les supplications et les réticences de leurs nouveaux amis éphémères, mais à 4h du matin il est temps! Elles attrapent un taxi qui fait le tour de Paris pour les déposer l'une après l'autre, d'abord la Blondinette, puis la rouquine et enfin Elle. Elles se donnent rendez-vous le lendemain midi au café de Flore pour déjeuner et faire le débriefing avant la nouvelle tournée de galeries, côté Belleville plus dépaysant, et les avions prévus pour le soir. Elle atterrit enfin à 5h et rêvera d'octopuss qui se glissent sous la porte pour faire des Mazarinis sur de la musique techno !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article