Violine, le retour

Publié le par Fannynette De Lux

Et oui ! Après, quoi ? un an et demi d'attente, je me suis remise à écrire l'histoire de Violine, non pas que je ne m'y intéressais plus, mais le temps de trouver une autre structure, une autre fin, ce que j'ai fait il y a déjà un moment, mais comme j'ai besoin qu'une histoire vive en moi un moment avant de la finaliser par écrit, ça a pris du temps. C'est pour cela aussi que je ne réécris presque jamais ce que je publie, c'est quasiment de l'écriture automatique car les phrases sortent pendant que je me raconte dans ma tête l'histoire face à l'ordi.

Donc ce retour de Violine est abondant, et quasiment en direct, les chapitre présentés sont tout frais, même si mûrement médités, comme la fin a changé, j'ai ré-écris le dernier chapitre initialement intitulé Pia, ce personnage a d'ailleurs changé de nom et s'appelle désormais Mia, pas grand chose de différent me direz-vous, mais son rôle aussi est différent.

Je vous laisse avec cette suite, en espérant que cela vous plaira !

 

Mia.

Un éclair d'albâtre fendait l’obscurité. A l’allure de la lumière elle entraînait Violine en la tenant par la main. Devant elle, une masse de cheveux blonds ramassés en une grosse couette rebondissait sur le dos de la mystérieuse jeune fille entièrement vêtue de blanc. 
Violine, tout en s’enfonçant de plus en plus profond dans le ventre de la cité, admirait les courbes généreuses et particulièrement bien mises en valeur de sa compagne, qui ressortaient sous le pantalon bouffant autrefois immaculé ; mais qui, à cause des éclaboussures de souillures, était tâché de particules d’étrons divers et non identifiés.
Elles arrivèrent au bord d’un puits qui semblait ne pas avoir de fond, d’un noir intense et légèrement miroitant. La jeune fille blonde consulta une sorte de registre électronique, fit quelques manipulations avec :
« - C’est bon, on y est ! Maintenant sautes !
- Hein ?! Non mais ça va pas ! Pourquoi j’irais là-dedans ?
- On n’a pas beaucoup de temps. Écoutes, on les a semés, mais les sbires de la Goularde sont de redoutables limiers, même moi j’ai du mal à les déjouer, tu sais, alors sautes vite et tu verras après !
- Attendez ! Y mène où ce puits… et d’abord qui êtes-vous !?
- Mia. Le puits tu verras bien ! Tu vas voir c’est… amusant ! C’est le premier pas qui compte de toute façon…»
Sur ce Mia poussa sur les fesses de Violine, qui perdit l’équilibre et tomba la tête la première dans le puits. Elle poussa un long hurlement à s’en déchirer les cordes vocales. Mia se retourna juste pour apercevoir les troupes qui tournaient l’angle. Elle sauta toute droite dans le puits en leur faisant au revoir d’un signe du majeur.
Elle rattrapa vite Violine dans sa chute et tout en la tenant par les mains, elle lui parla pour la rassurer un peu :
« - N’ais pas peur et détends-toi, ça va durer un petit moment.
- Petit !! Combien ?!
- Off, le temps de tout remettre en ordre. Quand ce sera fini tu comprendras, j’espère ! Ne paniques pas et tout ira bien. Ne me lâche pas la main non plus, on serait pas dans le caca sinon, j’ai déjà mis suffisamment de temps à te retrouver une fois... Ça m’enquiquinerait de devoir te retrouver encore, j’ai pas vraiment que ça à faire, moi.
- Mais on va où alors ?
- Chez toi !»

Le retour.

Violine se réveilla dans sa petite pièce, sur son vieux fauteuil de cuir élimé, nauséeuse, et passablement dans le brouillard. En face d’elle, Baudelaire tournicotait dans son bocal : «Bon réveil Violine, bon réveil Violine, bon...»
Elle avait en elle un profond sentiment de confusion, le rêve qu’elle venait de faire était impalpable mais des sentiments, plus que de réels souvenirs, se baladaient encore en elle, et elle passa un long moment à se réapproprier son esprit, essayant de retrouver le fil conducteur du cauchemar qu’elle venait sans nul doute de faire. Elle regarda l’heure à la pendule qui indiquait 56h88 et réalisa fugacement qu’elle était en retard pour la prise de son poste, ce qui, contre toute attente, ne l’atteint pas. Elle se leva tranquillement, donna quelques daphnies séchées à Baudelaire qui la remercia en lui bécotant le bout des doigts un instant, puis passa vers l’espace d’eau pour se rafraîchir et se remettre un peu de noir sur les yeux. En relevant ses cheveux, quelques mèches lui tombèrent sur le visage, et des flash étranges lui revinrent en mémoire : des paroles, la Goularde vociférant, et une étrange fille blonde en blanc.
Elle fixa ses cheveux et s’appuya sur le rebord du lavabo jauni en se regardant dans les yeux : «Qu’est-ce qui t’arrive ma vieille ?» prononça-t-elle en sa faveur. Puis elle referma le robinet de gaz et la flamme s’éteint, elle sortit de la pièce dans le noir.


Marcher du bon côté.

Dans la rue, Violine était absorbée par la recherche de ses souvenirs. Une étrange impression de panique l’envahissait à mesure qu’elle avançait dans la foule. Les mains dans les poches de son imperméable, elle trifouillait un vieux trou comme si y glisser ses doigts malingres l’aiderait à retrouver ce qui lui semblait plus qu’un rêve, mais bien une partie de sa vie. Autour d’elle des passants émettaient des mécontentement audibles qui ne l'atteignaient pas, tout juste s’esquivait-t-elle d’un air détaché quand elle se faisait bousculer.
Tout à coup, elle fut arrachée à sa torpeur par la main d’un policier de métal qui l'arrêta : «Intervention, vous ne marchez pas du bon côté de la rue, veuillez regagner le bon trottoir afin de faciliter le flux de la population, dans le cas contraire nous procéderons à une arrestation et un enfermement. Nous rappelons qu’une infraction au code de circulation dans les rues de la Cité est passible d’un enfermement de 190h minimum, au prorata du temps de l’infraction susmentionnée. Que décidez-vous, civile Violine ?»
Violine resta surtout interdite. Elle se souvint alors que des patrouilles la traquaient, qu’ils ne devaient pas la trouver, surtout pas, mais pourquoi ? Et pourquoi, après l’avoir identifiée, ne l'arrêtaient-t-ils pas, et lui parlaient-t-ils en lieux et tout que... de... sens de circulation piétonne... La Goularde ! Elle se souvint alors qu’elle l’avait insultée, non, si, enfin elle avait juste répondu à ses jérémiades, mais alors, si les troupes armées étaient à sa poursuite... et qu’ils ne faisaient rien là alors qu’ils la tenaient, c’est que l’ordre n’avait pas été émis, donc que rien ne s’était passé, mais cela s’était passé, elle en était sûre à présent, alors...

Elle regarda la main métallique qui prolongeait l’armure noire et la tête inexpressive de l’agent de sécurité, semblable aux autres agents, tous identiques, tous de métal, dans les rues de la cité, tous postés à 500m de distance réglés comme des petits soldats à horloge, tous reliés au réseau de commande de La Goularde. Elle le regarda dans la visière du casque opaque, tenta de déceler ce qui pourrait s’apparenter à des yeux, et déclara finalement «Y-a-t-il quelqu’un là-dedans ?». Puis elle se dégagea de son emprise, traversa consciencieusement la rue en évitant les véhicules motorisés ou à traction animale, et regagna sa place, le trottoir où en effet les gens allaient dans son sens. Violine resta tout de même un moment immobile pendant que le policier regagnait son emplacement initial et c’est alors qu’elle compris que quelque chose clochait, dans la rue, dans la Cité, dans cette vie de noir, où il ne faisait jamais jour et où la nuit ne finissait jamais vraiment, et quelque chose devait changer. Elle leva les yeux au ciel, noir et sans étoiles, et se rendit compte de l’évidence, il n’y avait jamais de vent.

Publié dans Violine

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